Une séance de gym suédoise et le nord ne paraît plus si froid !

Connaissez-vous la gym suédoise ?

Ce qui fait sa réputation

La gym suédoise est assurément l’une des disciplines sportives les plus répandues désormais auprès du grand public. Il faut dire qu’elle a le gigantesque avantage de correspondre à des personnes très très différentes du point de vue de leurs capacités physiques et de leur plus ou moins grande accoutumance à l’effort, voire au goût même de l’activité sportive. Créée par Pehr Henrik Ling au début du XIXème siècle et importée en France dans les années 80 par le couple Lena Ohrström-Koury et Claude Coury, la gymnastique suédoise a désormais 500 000 adeptes officiels en suède, où elle est reconnue d’utilité publique  pour ses qualités de prévention des maladies cardiovasculaires. Il s’agit d’une gymnastique très remuante, mais qui présente très peu de risques de blessure et qui, de surcroît, comporte une forte composante ludique, depuis que s’y est ajoutée la musique, entraînante sinon endiablée accompagnant toujours sa pratique.

Ses principes fondateurs

La gym suédoise, telle que la présente la fédération française sur son site, « propose des enchainements d’exercices étudiés pour muscler l’ensemble du corps en douceur et harmonieusement en alliant dépense physique et musique. » Elle combine des éléments de gymnastique classique avec des exercices de kinésithérapie (à l’origine elle repose sur une décomposition analytique des mouvements du corps) et y ajoute l’ambiance et le rythme donnés par la musique. Son  objectif est de renforcer à la fois les systèmes musculaire et cardiovasculaire, mais cela améliore en même temps les capacités d’équilibre et de coordination, en dehors de la souplesse que recherche toute gymnastique. La gym suédoise s’appuie sur des séries d’exercices répétitifs qui en principe ne nécessitent aucun objet extérieur, le corps étant ici la seule matière au travail.

Pratique

Déroulement d’une séance

Le déroulement des séances est généralement assez formaté. Pour parler dans le jargon eps (car tous les professeurs de gymnastique des écoles sont désormais formés à cette discipline de la gym suédoise), c’est « une analyse mécanique dans une première phase, biomécanique dans une seconde phase, dynamique dans une troisième puis dans des situations ouvertes (voire sportives) en fin d’évolution » qui va déterminer la chronologie du travail sur les postures corporelles. En pratique, cela donne pour simplifier : 

• Une première séquence d’échauffement et d’étirements en musique
• Une seconde séquence de musculation debout
• Une troisième séquence de cardio
• Une quatrième séquence de musculation au sol
• Une cinquième séquence de cardio ou de course
• Une dernière séquence d’étirements, stretching, relaxation

Occurrences et tarifs

Vous hésitez encore ? Vous craignez de n’être pas assez entraîné(e)s pour suivre le rythme ? Vous disposez de peu de temps ? Différents niveaux et fréquences d’entraînement sont conçus pour s’adapter à tous les publics du « basic » à l’ « intensif », en passant par des cours spécialement adaptés aux enfants comme aux familles tout entières (c’est très amusant !) Aux femmes enceintes et aux personnes âgées. Vous pouvez également vous entraîner une fois comme cinq fois par semaine car le principe qui consiste à respecter le rythme de chacun s’entend à toutes les échelles du processus, c’est un peu « votre » gymnastique, où vous vous rendez à moitié comme à un cours, à moitié comme à une salle de sport pour votre séance de remise en forme. Ce n’est pas non plus très onéreux, comparé à d’autres disciplines sportives (comptez environ 7 à 10 euros le cours à l’unité, ou des forfaits au mois qui tournent autour de 35 euros, dégressifs si l’on pratique régulièrement toute l’année). Notez qu’il y a souvent même des cours gratuits de gym suédoise organisés à diverses occasions.

Originalités

Les valeurs humanistes de la gym suédoise

Si vous n’avez jamais tenté encore de passer la porte d’une salle de sport lors d’un cours de gym suédoise, vous ne soupçonnez peut-être pas la qualité de l’ambiance qui y règne. Personne ici ne se juge, le professeur lui-même ne corrige pas ses élèves et personne n’est soumis au regard de l’autre (on n’a pas le temps) et pas même à son propre regard d’ailleurs, car il n’y a jamais de miroir dans la salle ! Le professeur se place au centre de la pièce et le groupe fait cercle autour de lui, cassant ainsi la disposition classique des cours de gym organisés en rangs comme à l’école ou à l’usine. Ici, on s’inspire au contraire de la convivialité du cercle pour insuffler un mouvement d’ensemble, une énergie collective qui se répercutera ensuite sur chacun.

Applications pratiques

Cette gym suédoise s’est si bien avérée porteuse d’une dynamique de groupe positive et rassembleuse, que de nombreuses sociétés y font désormais appel par le biais de leur comité d’entreprise (la Poste, la SNCF, Sony ou Picard par exemple). Chacun en fait l’usage qu’il veut, mais c’est une occasion réelle de se défouler, d’expulser les tensions, tout en s’amusant et en musclant son corps. C’est un peu l’opposé du yoga dans la vitesse, la sueur qui coule, l’effort cardiaque qui se manifeste, tout en respectant précisément les architectures du corps, ses besoins fondamentaux et ses jardins secrets.

Evolutions et critiques de la gymnastique suédoise en France

Un sport encore très majoritairement féminin en France

Si en Suède, on peut désormais s’enorgueillir que 40% des pratiquants de la discipline soient des hommes, en France, on est encore un peu loin du compte (environ 10%), même si l’écart tend aujourd’hui à se rétrécir. Autrement dit : messieurs, bougez-vous, n’ayez pas peur ! Quant à vous, mesdames, proposez-donc à ces messieurs de venir voir combien la gym suédoise n’a rien à voir avec ce qu’ils en supposent sans la connaître. Ils seront surpris, effet garanti !

Des disciplines gymnastiques sœurs ou rivales ?

Si la gym suédoise a globalement la cote, cela ne l’empêche tout de même pas d’avoir ou d’avoir eu quelques détracteurs parmi les usagers ou les professeurs d’EPS comme Raymond Murcia ou le Dr Le Boulch (Creps de Dinard). Chauffons-nous donc de tout bois, à la suédoise, et profitons-donc de ce qui, vu d’ici, pourrait nous sembler des querelles de chapelle pour jeter un pied du côté d’autres disciplines gymnastiques moins connues, comme par exemple l’eutonie. Avez-vous jamais entendu parler de l’eutonie et des eutonistes de Gerda Alexander ? C’est sans doute un peu moins fun, mais si vous y croyez, vous parviendrez peut-être à retrouver en vous le « réflexe de redressement » qui vous fera rendra la souplesse et la tonicité d’un bébé !