Une piqure d’orient dans un massage asiatique
Le massage asiatique révèle avant tout un esprit
Les philosophies qui sous-tendent les massages
Si elles étaient encore connues à peu près que des seuls afficionados avant les années 80, les grandes philosophies asiatiques sont aujourd’hui certainement les plus en vogue en occident, avec leur promesse sans doute d’apaiser un monde gangréné par le stress et les troubles psychologiques. Yoga, Shiatsu, Taekwondo, Qi, Tantrisme… ne sont plus des mots barbares aux connotations lointaines, mais font désormais partie de notre imaginaire immédiat, voire de notre propre culture. Les nuances du massage asiatique, désormais à notre portée dans toutes les grandes villes, qui traduisent le mieux ces philosophies dans un usage pratique en marge de la médecine, nous offrent une merveilleuse porte d’entrée dans cet univers asiatique, comme le font sur un autre terrain la littérature ou le cinéma.
La théorie des méridiens et le rôle du massage dans les médecines asiatiques
La tradition chinoise (et avec elle les médecines asiatiques) considère que le corps humain porte en latence ses maladies et qu’il est donc de notre devoir d’expurger périodiquement ce corps. Basée sur une vision du corps humain suivant laquelle l’énergie vitale du corps circule dans des canaux (méridiens) interconnectés, la médecine chinoise développe plusieurs approches :
- L’acupuncture
- La diététique
- La pharmacopée
- Le massage
- Le Qi Gong
Elles-mêmes se subdivisent en plusieurs branches. Les méridiens les plus importants relient les entrailles (6 organes et 6 viscères) et c’est sur eux que l’on va agir dans la pratique du massage asiatique. Par ailleurs chaque membre recevant l’écho du méridien a une face interne yin et une face externe yang. Le méridien du gros intestin par exemple sera ainsi lié au yang de la main, tandis que le méridien de la rate et du pancréas sera relié au yin du pied.
La tradition chinoise du massage asiatique
Le massage : un art thérapeutique ancestral et enseigné en médecine
Le massage, pratiqué depuis l’Antiquité, est au cœur de la médecine traditionnelle chinoise. Il hérite en effet de la théorie du Yin et du Yang, mais aussi des 5 éléments, du Taoïsme. Il vise avant tout à rétablir dans le corps une bonne circulation des énergies. Chacune des manipulations opérées par des doigts qui pincent, claquent, font craquer au besoin, a des vertus spécifiques : « équilibrante », « dispersante », « tonifiante ». Le praticien utilise lui-même différentes parties de son corps : ses mains, mais aussi ses coudes et parfois ses pieds pour effectuer des pressions. Il pourra aussi avoir recours à des ustensiles mécaniques. Vous l’aurez deviné, cela peut aussi faire mal. La peau devient facilement rouge sous l’intensité des frottements, les pressions exercées sur les points sensibles par les phalanges du praticien peuvent provoquer des douleurs, qui restent toutefois passagères, mais inviteraient plutôt les douillets à se tourner vers d’autres écoles du massage asiatique.
Le massage asiatique thaïlandais entre tradition chinoise et tradition indienne
Le massage thaïlandais, comme le massage chinois, permet de stimuler la circulation sanguine. Il repose sur le concept de lignes d’énergie traversant le corps (plus de 70 000 au total) qui seraient obstruées en cas de stress, mais aussi de fièvre ou de tension artérielle et que le massage se charge de désengorger (le massage agissant sur les dix principaux SEN, ou canaux bouchés). Il se concentre beaucoup (plus que le massage chinois) sur les muscles, en s’inspirant notamment du yoga. On dit que le massage thaïlandais était pratiqué par des ermites originaires d’Inde et médecins de Bouddha, mais les études restent imprécises. Les praticiens utilisent essentiellement deux techniques distinctes de massage thaïlandais qu’on appelle « le Style de la Cour » et « le Style du Peuple ». Le premier n’utilise que les pouces, quand le second fait recours aussi bien aux coudes, aux genoux et aux pieds. Le massage thaï se pratique normalement au sol et avec des vêtements ; il implique un traitement complet du corps, même si certains masseurs thaïlandais proposent aussi des massages des pieds seuls qui mélangent plusieurs techniques.
La tradition indienne
L’esprit du massage indien
Le massage dans la tradition indienne est avant tout un acte de purification ; il nettoie le corps et l’âme. Ce concept se réalise concrètement dans les gestes et le milieu du massage, qui devient alors très liquide, bordé d’huiles coulant, le plus souvent chaudes, sur le corps. L’encensement de la nature que véhicule la culture indienne, avec ses vaches sacrées, ses préférences végétariennes, la pétulance de ses couleurs naturelles, reprises jusque dans les vêtements ou les épices, se traduit également dans le massage avec une très forte utilisation des senteurs, des aliments détournés : on pratique ainsi d’infinis gommages au miel, aux pois chiches, au yaourt, au curcuma…
Les techniques traditionnelles indiennes
La plus célèbre des techniques de massage asiatique indien est celle qu’on appelle « ayurvédique ». Elle existe depuis l’Antiquité et est pratiquée partout en Inde, comme désormais aussi ailleurs dans le monde. En Inde, les enfants pratiquent le massage ayurvédique sur d’autres ou sur eux-mêmes à partir de l’âge de six ans, de même que les femmes qui viennent d’accoucher reçoivent un tel massage (ainsi que leurs bébés) pendant quarante jours après la naissance. Le massage ayurvédique travaille principalement sur les cinq formes de Vata ou Prana (représentant l’élément Air) et rétablit l’équilibre des doshas. C’est un massage relaxant et enveloppant.
La tradition japonaise
Un massage japonais : un moment de détente silencieux
Les praticiens et praticiennes de massages japonais sont rarement très bavards, et s’ils parlent, c’est à voix très basse ou en chuchotant. Ils s’inscrivent en plein dans la tradition zen qui épure, cherche l’essentiel et écarte le reste. Dans la pratique du massage, les mains comme les pouces ne s’agitent pas exagérément, elles pratiquent des étirements ou des pressions, mais sans aucun débordement de force, sans utiliser non plus le reste du corps comme dans le massage chinois.
Les spécificités japonaises du massage asiatique
Comme toutes les variantes de massage asiatique, les massages japonais sont multiples et différemment pratiqués ici ou là, à l’intérieur même du Japon. L’une de ses formes les plus connues est le massage japonais Amma qui se base lui aussi au départ sur des enseignements de la médecine chinoise, utilise des techniques variées qu’il lui emprunte comme l’acupuncture, le shiatsu, la réflexologie : pressions, percussions, vibrations, tapotements… Il se pratique néanmoins sur une chaise ergonomique spéciale et sur les habits. Il est d’ailleurs souvent utilisé dans le cadre de l’entreprise (depuis son importation aux USA dans les années 80 par David Palmer) car son action est rapide et sa forme peu intime. Le praticien effectue un enchaînement structuré de mouvements issus des Arts Martiaux, un Kata, qui vise avant tout une détente en profondeur en agissant sur les méridiens.